Photos du samedi 27 juin

Dernier concert du festival

Les quatuors de Beethoven par le Belcea Quartet sont un sommet d’achèvement. Partenaire privilégié de grands musiciens, l’ensemble clôture cette édition consacrée à “Vienne” avec l’une des pages les plus saisissantes du maître.

Mozart, Quatuor à cordes n°20 K. 499 en ré majeur « Hoffmeister » Contrairement aux habitudes qui voulaient que les compositeurs publient leurs quatuors par recueils, Mozart publie son Quatuor « Hoffmeister » de manière isolée. Il prend le nom de son ami éditeur, Franz Anton Hoffmeister, qui par ailleurs est également compositeur. L’œuvre est composée à Vienne durant l’été 1786 juste après la création des Noces de Figaro, dans une période prospère en compositions de musique de chambre, avec notamment le 2ème Quatuor avec piano et le Trio « des Quilles ». Il est souvent qualifié d’  « expérimentale » et compte quatre mouvements (Allegretto – Menuetto, Allegretto – Adagio – Allegro).

L.V. Beethoven, Quatuor à cordes n°7 en fa majeur op. 59 n°1

C’est dans la seconde moitié de l’année 1806, alors que la surdité du compositeur s’intensifie, que ce dernier s’attelle à l’écriture de trois quatuors à cordes op. 59 dédiés au conte Razumovski, ambassadeur de Russie à Vienne. Avec la Symphonie « Héroïque » et la Sonate « Appassionata » composée quelques temps auparavant, ce corpus s’inscrit dans la ‘‘deuxième phase’’ de composition de Beethoven, résolument novatrice et tournée vers ‘‘les terres inexplorées du romantisme musical’’, ainsi que l’exprime Bernard Fournier. Beethoven rétorquait lui-même à ses détracteurs : « Ce n’est pas pour vous, c’est pour les temps à venir ». En effet, Il repousse les limites du langage musical de son temps, notamment en matière d’expressivité, de registre ou encore de durée. Le quatuor en fa majeur op 59 n°1, empreint d’un lyrisme flamboyant, est à ce titre l’un des plus longs parmi les seize que Beethoven composa.  Cette œuvre est structurée en quatre mouvements: Allegro en fa majeur, Allegretto vivace e sempre scherzando en si bémol majeur, Adagio molto e mesto en fa mineur et un allegro final en fa majeur, dont le thème populaire russe utilisé a probablement été suggéré au compositeur par le conte Razumovski. Chacun de ces mouvements s’inscrit, à sa façon, dans le cadre de la forme sonate (exposition des thèmes, développement, réexposition).

Gregory et Monica

Musicologues du Carrefour des Etudiants

Nocturne du Belcea Quartet

Acclamé aux quatre coins du monde, le Belcea Quartet appartient à la crème du quatuor à cordes. Incarnation de l’union parfaite, de sa seule voix souple et colorée, l’ensemble anglais dédie son programme à deux chefs-d’œuvre viennois.

Anton Webern (1883-1945), Langsamer Satz pour quatuor à cordes

Webern, âgé de vingt et un an vient d’achever sa première année d’étude dans la classe de Schoenberg lorsqu’il compose ce mouvement pour quatuor à corde. De retour d’un périple champêtre avec Wilhelmine Mörtl, sa cousine et future femme, Webern insuffle un caractère idyllique à sa pièce, parcourue de forts accents brahmsiens et romantiques, indéniable marque de l’enseignement de Schoenberg. Si cette œuvre n’est pas représentative du langage typiquement ‘‘webernier’’ qui s’affirmera plus tard, une constante, déjà fortement présente ici, traverse néanmoins les différentes périodes créatrices du compositeur : son goût pour le contrepoint. En effet, Webern obtiendra un doctorat en musicologie sous la direction de Guido Adler en 1906 (l’année suivant la composition de Langsamer Satz), après avoir soutenu une thèse consacrée à Heinrich Isaac, l’un des polyphonistes majeurs de la Renaissance.

Franz Schubert, Quatuor à corde n°13 en la mineur D 804 « Rosamunde »

La fin de l’année 1823 marque l’accomplissement du cycle de Lieder Die Schöne Müllerin et c’est durant les premiers mois de 1824 que Schubert entreprend la composition de deux quatuors à corde (genre qu’il n’avait plus exploré depuis quatre ans) : le quatuor n°13 « Rosamunde » et le n°14 « La jeune fille et la mort » (il n’achèvera ce dernier que deux ans plus tard). La première exécution publique de ce treizième quatuor eut lieu le 14 mars 1824 au Musikverein de Vienne, interprété notamment par Ignaz Schuppanzigh, le dédicataire de l’œuvre. Une publication suivra, peu après que le quatuor ait remporté un vif succès auprès du public. Il demeure le seul à avoir été édité du vivant du compositeur.

En quatre mouvements, l’œuvre, en la mineur, débute par un allegro ma non troppo adoptant la forme sonate et se poursuit par un andante en do majeur basé sur le thème du troisième entracte de la musique de scène « Rosamunde » que Schubert composa en 1823. Le menuetto repose quant à lui sur la mélodie du Lied « Les Dieux de la Grèce » composé en 1819 sur un texte de Schiller. Le mouvement est imprégné de tristesse et de mélancolie malgré le trio central, plus léger, rappelant une valse-Länder. Le final,e un allegro moderato en la majeur est, pour certain, une réponse optimiste aux mouvements précédents, de par le dynamisme qui s’en dégage.

Gregory Rauber

Musicologue du Carrefour des étudiants

 

Activités musicologiques du dimanche 29 juin

10h au Steinway Lounge : P’tit déj avec…Michael Jarrell : rencontre autour d’un café et d’un croissant avec un artiste du Festival’IN

Dès16h30 dans les rues de Cully :    Flash-conférences : petites présentations autour du concert du soir

 

 

Concert Vis-à-Vis de ce soir !

Ce soir, la musique contemporaine, sous le crayon de Michael Jarrell, s’associe à deux œuvres du classique Wolfgang Amadeus Mozart (1756-1791).

Michael Jarrell a un rapport particulier avec la ville de Vienne : il y enseigne depuis 1993. A cette époque, sa découverte de la capitale autrichienne produit une série de remises en question : jusqu’alors essentiellement influencé par la culture française, son horizon s’élargit au contact de la culture allemande. Au programme de ce soir, il nous livre deux œuvres de musique de chambre, dont la seconde sera créée devant nous.

Le quatuor Assonances Ib,pour violon, clarinette, alto et violoncelle, en un seul mouvement, est une commande de CULLY CLASSIQUE. Relativement courte, la pièce met en évidence l’approche harmonique du compositeur : son langage musical se développe à partir de « notes mères » ou d’ « organismes ». Autour de l’unisson de mi bémol, qui introduit le mouvement, se forme une harmonie contenant un important flux de notes. Puis, comme une vague, la musique revient toujours sur la note mère pour ensuite se concentrer autour d’une nouvelle note. Ce principe est appliqué à l’ensemble de la partition. Le compositeur cite un passage du trio avec piano Lied ohne Worte créé en 2012 au Festival de Radio France à Montpellier et joué en première partie de ce concert.

Wolfgang Amadeus Mozart aborde les genres de la musique de chambre de manière bien différente de ceux de la musique symphonique et lyrique : alors qu’il compose des symphonies, des concertos et des opéras durant toute sa vie, il se consacre aux grands genres de la musique de chambre à différentes étapes de sa carrière, dans l’espoir d’assouvir un besoin d’expression bien précis. En effet, il se tourne vers le quatuor avec piano entre la fin de l’année 1785 et le début de l’année suivante, afin de synthétiser les genres du quatuor à cordes et du concerto. Il mêle deux mondes opposés, l’intimisme du quatuor à cordes et la virtuosité du concerto.

Le Quatuor pour piano et cordes n°2 KV 493 se rapproche du concerto de par sa forme en trois mouvements, la virtuosité de la partie de clavier, et l’écriture thématique très « concertante ». L’œuvre a également des similitudes avec le quatuor à cordes de par la structure de la forme sonate à une seule exposition dans le premier mouvement, mais surtout par l’égalité du traitement des instruments : en effet, les cordes ne se contentent pas d’accompagner le piano, mais tiennent un rôle majeur, notamment dans l’énonciation et le développement thématique. Durant l’année 1788, outre ses trois dernières symphonies, Mozart compose ses trois derniers trios avec piano, dont le Trio en ut majeur KV 548, similaires quant à leur plan d’ensemble : un premier mouvement allegro de forme sonate, un mouvement lent à la sous-dominante, et un rondo introduit par le piano. L’Allegro du trio débute sur un thème à l’unisson, construit sur l’arpège de do majeur. Le discours musical alterne ensuite entre le clavier et les cordes. C’est en revanche le piano qui déploie le thème principal de l’Andante cantabile.Le Trio se conclut sur un ton enjoué et dansant.

Nathalie, Camille et Sassoun

Musicologues du Carrefour des Etudiants

 

 

Activités musicologiques du dimanche 29 juin

10h au Steinway Lounge : P’tit déj avec…Michael Jarrell : rencontre autour d’un café et d’un croissant avec un artiste du Festival’IN

Dès16h30 dans les rues de Cully :    Flash-conférences : petites présentations autour du concert du soir

 

 

Nocturne avec Fabrizio Chiovetta

Doté d’une main de maître comme on en rencontre peu, Fabrizio Chiovetta est une véritable révélation ! Par sa force de cohésion et sa douceur infiniment expressive, il s’illustre dans l’extraordinaire dernière sonate pour piano de Schubert. Vendredi 27 juin, 22H30, Notre Dame. Photo ©Juan Carolos Herrnandez.

Les deux pièces jouées ce soir ont en commun d’être les dernières œuvres pour piano de leur compositeur respectif : Schubert meurt deux mois après avoir achevé son ultime sonate pour piano et Haydn ne se consacre plus qu’à l’écriture de messes, quatuors à cordes et oratorios après ce dernier opus pour piano.

Les Variations en fa mineur de Haydn sont écrites à Vienne en 1793 à l’attention de Barbara von Ployer, élève de Mozart et l’une des interprètes les plus acclamées de la ville. Elles portent différents titres selon les sources : Sonata dans le manuscrit autographe, Un piccolo divertimento dans une copie de la même année et Variations dans la première édition de 1799, montrant que Haydn avait probablement différents projets pour cette pièce. Il s’agit d’une série de doubles variations sur deux thèmes contrastés, l’un mélancolique et l’autre lumineux. Cette œuvre est loin de l’image que l’on se fait habituellement de Haydn : « Ceux pour qui le nom de Haydn n’est associé qu’à l’esprit, à la bonne humeur, à l’insouciance, sont toujours frappés quand ils entendent ces Variations, éloignées, par leur caractère préromantique, du portrait familier du “bon papa” » (Guy Sacre).

La Sonate D960, achevée le 26 septembre 1828, forme une trilogie avec les sonates D958 et D959 pensée comme telle par Schubert. Elles seront d’ailleurs publiées ensemble dix ans après la mort du compositeur sous l’appellation « Toutes dernières compositions de Franz Schubert – Trois Grandes Sonates ». Déjà à l’époque elles surprenaient le monde musical : « Elles sont tout à fait singulières… très différentes des autres, notamment par une plus grande simplicité d’invention. Le flot musical et mélodieux coule page après page, interrompu de place en place par quelques remous plus violents, vite calmés » (Robert Schuman).

Antonio, Camille et Gregory
Musicologues du Carrefour des Étudiants

Présentation du concert de ce soir

Etoile montante de la scène internationale, le Trio Saint-Exupéry touche, enchante et subjugue. D’un jeu souple et poignant, ce petit prince de la musique nous livre avec brio un chef d’oeuvre du grand Schubert.
Vendredi 27 juin, 20h00, Temple. Diffusé en direct sur Espace 2.

Les œuvres programmées ce soir racontent à elles seules l’histoire du trio avec clavier. Jusqu’en 1790, ce genre est intitulé « Sonate pour pianoforte avec accompagnement de violon et violoncelle ». En effet, il est traité comme un élargissement de la sonate pour clavier : les deux parties sont doublées par le violon (main droite) et le violoncelle (main gauche). C’est avec Beethoven que le trio devient un genre à part entière : les cordes acquièrent leur propre autonomie mélodique.

Le Trio n°44 en mi majeur (Hob.XV : 28) fait partie des derniers trios de Joseph Haydn, écrits entre 1793 et 1796. Principalement œuvres de maturité, les trios avec clavier tiennent une place tout aussi centrale que les quatuors à cordes dans le répertoire de musique de chambre du compositeur. Le Trio n°44 est composé d’un Allegro moderato, d’un Allegretto en mimineur et d’un Allegro en mi majeur. L’écriture contrapuntique du deuxième mouvement et l’ostinato de croches au violoncelle nous ramènent directement à la passacaille baroque. Selon Charles Rosen, le Trio n°44 est « par certains côtés l’œuvre la plus étrange du dernier Haydn ».  

En été 1886, Johannes Brahms écrit le Trio pour piano et cordes no°3 en ut mineur op. 101 au bord du lac de Thoune. Le compositeur le déchiffre àBerne chez le critique littéraire Joseph Victor Widmann. En décembre de la même année, Brahms crée son œuvre à Budapest, accompagné par le violoniste Jenő Hubay et le violoncelliste David Popper. A l’exception du troisième mouvement Andante grazioso, une rythmique pointée et nerveuse parcourt toute la pièce. La forme sonate de l’Allegro energico est composé de trois thèmes : un premier rythmé (ben marcato), un deuxième plus mélodique, un troisième apaisant. Le Presto non assai est un scherzo avec une partie centrale en trio. L’œuvre se termine par un final dont le matériel thématique complexe et travaillé contredit la tendance du compositeur aux développements concis.

Franz Schubert a composé le Trio en mi bémol majeur op. 100 en 1827 pour le pianiste Carl Maria Bocklet, le violoniste Ignaz Schuppanzigh et le violoncelliste Josef Linke, tous amis du compositeur. Cet ensemble, formé pour l’occasion, crée l’œuvre à l’occasion d’un concert privé entre la fin de l’année 1827 et le début de l’année suivante. Le Trio en mi bémol majeur est caractérisé par une unité et une ampleur de la forme rarement atteintes par le compositeur viennois. Le premier mouvement, de forme sonate, est composé de trois thèmes dont le deuxième est typiquement schubertien : il servira d’ailleurs de conclusion au premier mouvement et introduira le caractère plus nostalgique du mouvement suivant. Mais c’est sur la troisième idée énoncée que se fait le développement durant lequel Schubert parcourt toute une palette de tonalités. On trouve dans l’Andante le topos du Wanderer (voyageur errant) si présent dans la musique de Schubert, caractérisé ici par un rythme de marche funèbre introduit par le piano puis repris par le violon en double corde. Par ces différents aspects, ce mouvement est d’ailleurs très proche de certains lieder du Winterreise.

Nathalie et Camille
Musicologues du Carrefour des étudiants

Programme et billets

P’tit déj du jour

Souvenir du p’tit déj ensoleillé avec Camille Thomas et Beatrice Berrut au bord du lac !

Animé par un musicologue du Carrefour des Etudiants, le p’tit déj avec… est un moment de rencontre privilégié entre le public et un artiste du Festival’IN.

Ne ratez pas les derniers p’tit déjs de cette 11e édition du Festival :

Samedi 28 juin avec Fabrizio Chiovetta et dimanche 29 juin avec Michael Jarrell à 10H00 à l’Ancien Pressoir.